Briser le silence : Mireia Boya et Iolanda Batallé (FR)

Vous trouverez ci-dessous quelques extraits en français de la rencontre avec Mireia Boya (MB) et Iolanda Batallé (IB) qui a eu lieu le 23 avril 2020 dans le cadre de la commémoration au Québec de Sant Jordi et de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur.

Marc Pomerleau et Ian Ericksen ont offert un service d’interprétariat qui a consisté à résumer quelques idées/faits saillants par le biais de la fonction de clavardage en direct de la plateforme que nous partageons avec vous.

IB: Ce livre parle de briser le silence. Nous avons tous nos propres silences. Ce livre nous donne la force de briser ces silences.

IB: Ce livre parle d’humaniser la politique ou toute forme de gestion.

MB: L’idée du livre m’est venue lorsque deux des prisonnières politiques catalanes ont dit en entrevue qu’elles se sentaient seules.
MB: Les hommes ont eu plus de visibilité durant le processus d’autodétermination. En tant que députée, je sais que les femmes y ont pourtant joué un rôle clé.

IB: Les livres qui parlent du rôle des femmes sont importants pour que les filles grandissent avec des références.

MB: Le premier chapitre de mon livre est émouvant. J’y parle de la mort de ma mère pendant que j’étais députée.
MB: Les femmes doivent mettre de côté plusieurs aspects de leur vie privée lorsqu’elles vont en politique. Y compris passer moins de temps avec nos proches. Le jour de la mort de ma mère, j’ai été incapable d’annuler un évènement électoral que j’avais prévu.
MB: Cela soulève la question d’à quoi dédions-nous le temps que nous avons. Pour moi, le plus important, sont ceux que j’aime. Passer du temps avec eux est ce qui est important.
MB: Le lien avec notre mère reste en nous. C’est pourquoi je dis que les mères ne meurent jamais.

IB: Dernièrement à l’Institut Ramon Llull je travaillais beaucoup et je n’avais pas le temps de penser à personne. Le soir j’avais un peu de temps pour lire et ça me faisait penser à ma mère et je l’appelais. C’est un peu comme le confinement actuel, mais on peut prendre le temps de se parler comme on le fait maintenant.

MB: En général dans le monde, un leader donne des ordres et les autres suivent, mais d’un point de vue féministe, on ne travaille pas à la verticale, mais à l’horizontale. Cela fait en sorte que les membres de l’équipe se sentent véritablement dans l’équipe. Quand je parle d’humaniser la politique, c’est de ça dont il est question, mettre tous les gens au centre du processus.

IB : Les femmes se préoccupent souvent de leur apparence, mais du point de vue de ce que les autres pensent. Cela semble superficiel, mais elles peuvent faire les choses et s’habiller comme elles le veulent. C’est défendre ce qu’elles veulent et non ce que les autres veulent.

MB: C’est comme juger les femmes politiques non pas pour leurs idées, mais en fonction de leur apparence. On m’a déjà dit au Parlement que j’étais lesbienne parce que j’avais le cheveux court, comme si c’était une insulte alors que ce n’est pas important. On nous compare au canon de la féminité plutôt que de critiquer nos opinions. C’est de la violence de genre et nous la vivions tous les jours.
MB: Et c’est transversal : ça arrive à toutes les femmes, peu importe le parti politique, l’origine, etc. Et les hommes sont tous des agresseurs potentiels, quoiqu’ils ne le sont pas nécessairement évidemment.

IB : C’est important de partager ça, la peur, et de briser ce silence. Je ne sais pas pour vous, mais c’est de plus en plus difficile. La force de toutes, c’est de continuer malgré la peur, de partager, et c’est très bien montré dans le livre.

MB: La réaction de l’état espagnol face le processus d’autodétermination a été la répression et la violence. Les député·e·s, nous avons été suivi, menacés par l’extrême droite, nous avons dû aller répondre devant les tribunaux.
MB: La désobéissance civile, je la fais en connaissance de cause. Je considère que ce que je fais est juste et j’en assume les conséquences. C’est une façon de briser la peur de la répression.
MB: Pour les femmes, la peur et le silence sont notre pire ennemi. On nous dit que taire certaines choses pour ne pas nuire au parti ou à l’entreprise. Notre arme la plus puissante est justement de briser le silence. C’est alors qu’on se rend compte que nous ne sommes pas seules.
MB: Un réseau patriarcal nous décourage souvent d’entreprendre quoi que ce soit en politique. Si on en parle, on se rend compte que nous ne sommes pas seules à vivre cette pression.

IB: Il faut toujours écouter les grands-mères, elles sont la sagesse. C’est aussi important d’encourager les jeunes femmes à être ce qu’elles veulent. Ces deux aspects sont importants.

MB: Nous ne sommes rien si nous n’avons pas de mémoire. Il faut savoir d’où nous venons pour savoir où aller. D’où la référence aux grands-mères. Si elles ont pu accomplir des choses, les jeunes femmes d’aujourd’hui peuvent accomplir des choses elles aussi. Les femmes doivent non seulement viser les lieux de pouvoir, mais les remettre en question.

IB: C’est très important pour les jeunes garçons qu’ils voient des femmes en position de pouvoir. Le temps presse. De quoi voudrait -tu parler pour terminer?

MB: Le message que je veux passer avec le livre, c’est un message d’espoir et de continuer à nous battre pour nos rêves.

EV: Pendant longtemps, la Catalogne regardait le Québec. Maintenant c’est l’inverse, en particulier en ce qui concerne le rôle de la société civile comme montré par A. Chartrand dans ses films. Le rôle des femmes a aussi été très important dans le processus.

MB : Le référendum du 1-O a été très représentatif à ce niveau. Dans la majorité des écoles où le vote a eu lieu, des femmes étaient au poste de direction.

EV: Le référendum s’est fait grâce à l’initiative citoyenne menée par des femmes.

MB : Quand il y avait des problèmes entre les partis indépendantistes, il y avait toujours des femmes pour recommencer les pourparlers. C’est-ce que je veux dire quand je dis que le féminisme n’a pas de parti.

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